[Terminé] Course contre la Montre [EVENT]

Naïa était à l'origine de tout cela... Même avec une lettre en guise de preuve, Ermaëlle n'arrivait pas à y croire... Elle avait aidé cet enfant, avant qu'il ne soit décidé de leur pourchasser. Elle lui avait évité le cachot. Elle lui avait permit de continuer sa quête. Elle lui avait donné une nouvelle chance de sauver sa mère. Elle avait sacrifié ses deniers personnels, son temps, afin de trouver une solution aux maux de cette pauvre femme. Et voilà le résultat de sa bonté... Cet enfant qu'elle avait protégé, secouru, avait décidé de répandre d'avantage ce fléau... Un monstre... Il n'y avait pas d'autre mot adapté... Un monstre qu'elle n'avait même pas su remarquer avant ce jour... Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur Naïa et sur ses intentions ? Comment ?

« J'aimerai pouvoir vous renseigner, Sir... avoua Ermaëlle, avec un soupir. Hélas, je ne peux vous confier que de simples hypothèses... »

Après la lecture de cette affreuse lettre, l'enlumineuse avait immédiatement rejoint la Zone Militaire, étant certaine de pouvoir y trouver de l'aide. Elle était seule chez Ismelle, ce jour-là... Cela lui avait semblé être la meilleure chose à faire... En chemin, Ermaëlle avait eu tout le loisir de réfléchir à la présente situation. Naïa souhaitait répandre la maladie, c'était un fait. Et pour cela, il devait toucher le plus de personnes possibles, en un temps relativement court... La capitale regorgeaient de lieux pouvant répondre à ces quelques critères, malheureusement... Tant de victimes potentielles, et si peu de temps pour espérer coincer ce maudit monstre...

En arrivant à la Zone Militaire, l'ancienne esclave avait été prise en charge par un autre chevalier. Bien qu'hésitant, ce dernier avait accepté de la guider jusqu'à Ebao, bien que craignant que son collègue n'apprécie pas d'être dérangé alors qu'il entraînait son écuyère. Quand la jeune femme était arrivée auprès de son ami, ce dernier apprenait à une adolescente à fixer une armure. A cet instant, Ermaëlle ne put s'empêcher de songer que la jeune fille ne lui était pas inconnue. Cependant, la jeune femme fut bien obligée de chasser cette pensée de son esprit. La situation était grave ! Elle discuterait avec l'écuyère plus tard, si elle en avait l'occasion !

« … S'il veut réellement répandre maladie, selon je ne peux douter, il devra sans aucun doute se tourner vers des endroits très peuplés. Ermaëlle marqua une pause, avant de reprendre, visiblement songeuse. Si j'étais à sa place... Je me rendrai sans doute dans les auberges. C'est le moyen le plus simple de trouver des personnes de tous horizons. Ces voyageurs repartiront ensuite chez eux, en emmenant la maladie avec eux... Les marchés sont aussi des cibles faciles... Il y a toujours beaucoup de monde... Passer inaperçu dans une telle foule est d'une simplicité effarante... Le Parc Suspendu pourrait aussi être une option envisageable, ainsi que l'Observatoire... J'ai cru comprendre que bon nombre d'érudits y travaillaient. Si l'endroit est contaminé en premier lieu... Je vous laisse imaginer la suite... »

Pendant son apprentissage auprès de Maître Dyarm, Ermaëlle avait eu l'occasion de se renseigner sur la poliorcétique, que cela soit par des ouvrages spécialisés ou des mémoires de Généraux. Bien sûr, il ne s'agissait que d'ouvrages, et la jeune femme n'avait jamais eu l'occasion de participer à un siège, pour son plus grand soulagement. Mais fort était de constater que ces quelques connaissances pouvaient se révéler très utiles. La propagation d'épidémies pouvaient faire partie intégrante d'une stratégie militaire. Si Naïa voulait vraiment jouer sur ce tableau... Il devait toucher le plus de personnes possibles, tout en empêchant les secours de leur venir en aide une fois son méfait perpétré...

« Les rues n'ont jamais été réellement sûres pour moi, Sir. rétorqua Ermaëlle, sur un ton froid. J'ai commis une erreur, il me revient d'arranger la situation. Ce monstre s'est joué de moi. Je ne le laisserai pas s'échapper. L'ancienne esclave marqua une pause, avant de reprendre, visiblement déterminée. Je me rends de ce pas à l'Observatoire. J'y ai quelques connaissances. Elles pourront peut-être  nous renseigner. »

Avec les mois, les enluminures et les autres créations de l'ancienne esclave avaient connu un petit succès. La jeune femme avait même travaillé pour un jeune homme, un dénommé Melrias, qui souhaitait offrir quelques représentations de paysages à son père. Ce dernier était une connaissance d'Azam, et le jeune homme était même l'ami d'un de ses fils. Ermaëlle avait du livrer ses dessins à l'Observatoire, Melrias y travaillant. Avec un peu de chance, le jeune homme s'y trouverait. Accorderait-il du crédit à ses propos ? C'était là une toute autre question...

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En entendant les propos d'Ebao, Ermaëlle garda le silence, ne hochant la tête qu'une fois que  le chevalier eut terminé ses recommandations. Soit, ils se retrouveraient donc au Parc Suspendu, même si la jeune femme espérait de tout cœur que ce fléau ait été capturé avant leurs retrouvailles... Un tel monstre ne pouvait être laissé en liberté... Chaque instant supplémentaire de quiétude était pour lui une occasion de frapper... Une chance qu'il ne connaisse que fort peu les rues de la capitale, du moins, pour ce que l'ancienne esclave en savait... Cet avantage pouvait sembler bien maigre, mais ils devaient user de toutes les armes qu'ils avaient à leur disposition pour espérer éviter le pire...

« … Ce monstre n'ait venu qu'une fois, peut-être deux, en ces lieux... finit par dire Ermaëlle, songeuse. Ces rues ne lui sont pas aussi familières qu'elles peuvent l'être à nos yeux. Il n'en connaît pas les recoins et les cachettes, ce qui peut le desservir autant que cela peut nous servir. Gardez bien cela à l'esprit. »

A la suite d'Ebao et de son écuyère, Ermaëlle quitta les lieux. Avec les heures, les rues s'étaient faites plus vivantes, plus animées. Chacun vaquait à ses occupations quotidiennes, sans se douter un seul instant de ce qui pouvait bien se tramer dans l'ombre... Bien qu'avançant d'un bon pas, la jeune femme fut contrainte de s'arrêter plusieurs fois, croyant avoir aperçu ce maudit démon qui hantait désormais cette ville. Hélas, à chaque fois il ne s'agissait que d'une erreur, une simple illusion formée par son esprit à l'affût. Et dire qu'hier encore, c'était elle, la proie. Une créature pourchassée par une meute de loups affamés, affamés de ce savoir qu'elle possédait bien malgré elle... De proie, de pauvre âme en peine, de renarde pourchassée par des limiers, elle était devenue louve. Une louve qui devait protéger sa meute de ce fléau, de ce Dragon déguisé en levraut...

Bien qu'ayant oublié son bâton de marche, l'ancienne esclave ne ressentait pas la moindre douleur en se mouvant à travers la foule. Sa colère était bien trop ancrée dans son âme pour cela... Elle avait aidé cet enfant. Elle l'avait protégé, au péril de sa propre existence, de sa liberté au sein de ces murs. Que se serait-il passé si quelqu'un avait apprit qu'elle lui avait porté secours ? Et voilà comment cette abomination la remerciait... En menaçant de s'en prendre à ses proches, à cette ville qui lui avait offert un abri, certes précaire, mais qui restait un abri... A cette pensée, Ermaëlle serra les dents. Elle devait mettre la main sur ce monstre... L'ancienne esclave pressa à nouveau son pas. L'Observatoire se trouvait dans les hauteurs de la ville. Elle devait à tout prix y arriver avant ce fléau, si tel était son objectif...

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Alors qu'elle arpentait toujours les rues de la capitale, Ermaëlle ne pouvait s'empêcher de se poser une question. Une lourde interrogation, qui lui envahissait petit à petit l'esprit, alors que ses pas l'emmenait vers l'Observatoire. Que ferait-elle, si elle croisait Naïa ? La réponse à cette question aurait pu sembler simple, pour d'autres personnes... Appeler la garde ? C'était sans doute la meilleure chose à faire... Et si ce monstre décidait tout de même de mettre son plan à exécution ? Il faudrait peut-être le maîtriser, le neutraliser, avant d'appeler du secours... Malgré la colère qui lui gonflait le cœur, la jeune femme ne savait pas si elle aurait le courage de s'en prendre à un enfant, aussi dangereux puisse-t-il être... Pourrait-elle dégainer sa dague, lorsque Naïa se présenterait devant elle ? Oserait-elle faire couler le sang, si c'était nécessaire, pour sauver cet endroit ?

L'enlumineuse chassa ces pensées de son esprit. Avant toute chose, il fallait repérer ce fantôme. Le repérer et le suivre jusqu'à un endroit qui se révélerait propice pour son arrestation. Mieux valait éviter les rues trop passantes. Peu de personnes étaient au courant de ce qui se tramait. Si elle, une étrangère, s'en prenait à un enfant, la population pourrait se tromper de cible et s'en prendre à elle, au lieu de l'aider à la capture du bandit... Après tout, aux yeux de tous, ce petit monstre avait été raccompagné de l'autre côté des Kyls... Qui pourrait croire qu'il avait réussit à en revenir, malgré les soldats qui gardaient la frontière ? Certains ne se souvenaient sans doute même plus de son visage... Plusieurs mois avaient passé, les priorités avaient sans aucun doute changé, il ne fallait pas l'oublier...

Ermaëlle jeta un regard sur les choses qui l'entouraient. L'Observatoire n'était plus très loin, et toujours aucune trace de Naïa... C'était-elle trompée ? C'était une possibilité... La jeune femme n'avait pu que proposer des hypothèses, au moment où Ebao lui avait demandé où elle pensait que le fléau pouvait se trouver... Si l'Observatoire n'était pas le lieu où ce monstre allait déclencher son terrible dessein, il ne restait plus qu'à espérer que son ami et son écuyère auraient plus de chance que la jeune femme...

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