[Terminé]Huum... Il se pourrait que j'eusse dis ça en effet... [Dagmar]

- Tu ferais mieux de te réveiller Ebao...

C'est la voix d'Olrän, qui semblait hurler dès le matin, qui réveilla le chevalier. Allongé sur son lit, encore tout habillé, Ebao se rappelait d'être rentré tard la veille au soir...
Etant sur le ventre, il du tourner la tête pour voir son petit frère qui était juste à côté de lui, mais en plus de hurler Olrän semblait avoir eu la bonne idée de s'être mis en contre jour et le chevalier grommelait tandis qu'il avait l'impression que ses rétines étaient en train de brûler.
Il se frottait le visage quand il sentit quelque chose de frais lui tapoter le crâne, Olrän lui tendait un verre d'eau. C'est en le buvant qu'il se rendit compte à quel point il avait la gorge sèche.

Il lui fallut plusieurs minutes, aidé par son frère qui prenait la décision de rabattre les rideaux, pour être enfin capable de s'asseoir sur son lit.
Heureusement, Ebao était trop concentré sur son état pour voir le regard mi-inquiet, mi-excédé que lui lançait le plus jeune des deux Kuza.

- Je suis rentré tard ? demanda finalement Ebao

- Au milieu de la nuit. Tu aurais dormis dans le salon si je ne t'avais pas aidé à monter.

Ebao ne se souvenait pas vraiment de la soirée qu'il avait passé. Il se rappelait seulement qu'il était sortit avec certains de ses amis dans la taverne du gâteau à la carotte et qu'ils avaient... fêté un anniversaire ? Farban était absent, surement à surveiller Ermaelle, mais Sir Elban y était et Ebao en avait profité pour boire un peu et s'amuser avec ses confrères. De toute façon, ces derniers temps c'était plus facile de se laisser aller que de trop réfléchir. Réfléchir lui faisait mal à la tête et il ne savait jamais s'il prenait les bonnes décisions... Entre la protection d'Ermaelle, ce fichu virus et... Et le sujet qui fâche.

Ceci dit, il préférait ne pas en parler. Olran était assez irascible sur ce sujet en particulier.

- Solveig ? demanda finalement Ebao

- Partie en vadrouille dès qu'elle a eu le ventre plein.

Le chevalier acquiesçait et allait d'un pas mal-assuré vers une vasque vide accompagnée d'une carafe d'eau et d'un linge propre.

- Demelza t'a sorti des vêtements. Et Ebao... Tu devrais te dépêcher, on a de la visite.

Versant l'eau dans la vasque, le chevalier y plongeait la tête afin de mettre ses idées au clair et de se faire un brin de toilette. Olran sortit de la pièce, regagnant le rez de chaussée.
Une fois propre et habillé, le jeune homme se décida à descendre comme son frère le lui avait suggéré, il arrivait dans le couloir qu'il vit Olran, bras croisé qui lui indiquait la porte d'entrée d'un signe de tête.

Une jeune fille (moche en plus) se trouvait là. Elle avait une valise à la main et l'air mi-excédée mi-ravi (surement du à l'effet Olran, Ebao avait remarqué ça chez certaines cousines de Farban).
Le chevalier la reconnu rapidement, il l'avait déjà engagé. C'était la fille du tavernier et elle avait servi de baby-sitter à Solveig quand Demelza était malade et qu'Ebao était parti pour trouver ce sale gamin contaminé.

Dagmar Belstrod.

La baby sitting s'était assez mal passé, enfin pour Dagmar. De ce que lui en avait raconté Solveig, elle était folle amoureuse d'Olran (elles le sont toutes) et la gamine s'était amusée à lui faire exaucer ses quatre volontés pour soit disant plaire à Olran... Evidemment, Dagmar avait fini par dire non, et Solveig avait alors jugé bon de dire à Olran que la jeune Belstrod était fiancée... Alors évidemment...

- Mademoiselle Belstrod ? Que puis-je pour vous ?

La valise commençait à faire mal aux doigts de la jeune femme, cette dernière était chargée de diverses choses, celles qu'elle avait jugé bon d'emmener, puis celles que son père avait jugé bon d'emmener, pour finir avec un gâteau aux carottes complets pour Monsieur Kuza. Il fallait dire que ses parents étaient heureux de la tournure des choses, ah, heureux était bien un faible mot face à leur euphorie. Mais à cause de cela, Dagmar se retrouvait là, de nouveau en face de cette maison. La dernière fois qu'elle était venue, la petite Solveig avait jugé bon raconter à Olran, que Dagmar était fiancée. Ah Olran, ce nom, ce visage, rendait toute chose la jeune femme. Comment y être indifférente ? C'était afin de s'en rapprocher qu'elle avait fortement suggéré à Kuza Ebao de s'occuper de la morveuse lui ayant fait ce coup... Car oui ! Revenons en ! Lorsque Olran a félicité Dagmar avec bienveillance de ses fiançailles, la seule chose qui avait su sortir de sa bouche était "Merci..."
Problème : elle n'était pas fiancée ! Qui accepterais de se fiancer à une autre personne que Olran ...? Sûrement pas Dagmar, elle avait été rouge lorsque ce dernier l'avait félicité, elle avait bu ses paroles tel les ivrognes qui buvait les premiers verres que son père leur servait.

Son père... C'était lui qui lui avait envoyé ici, valise à la main, elle se retrouvait à attendre devant la maison des Kuza qu'Ebao arrive. Celle de Solveig... D'Ebao, et d'Olran ! Cela la ravissait quelque peu mais ne cachait pas totalement son agacement. Elle finit par poser au sol sa valise, commençant à en avoir assez d'attendre et ne pouvant rentrer chez elle à cause de cela. Elle parcouru la rue du regard avant de sursauter, elle reprit sa valise en entendant du bruit de la maison et une fois en face de Ebao, elle grogna, ignorant totalement Olran à ce moment précis.

-Ce que... vous pouvez pour moi ...? Ce que vous pouvez pour moi ? Ce que vous pouvez pour moi ??

Elle jeta un regard noir au chevalier, se pointant du doigt, son visage défiguré par la colère et ses yeux brillants de rancœur.

-Vous ne vous souvenez pas ? Hier soir ! Vous et votre annonce quelque peu déroutante et sotte ! Vous l'avez pourtant acclamé ! Juste après que je me sois occupée de cet ivrogne ! Oh ! Oh oui ! Mes parents ont été si contents ! Entendre une telle annonce, cela ne peut que ravir des parents, mes parents. Mais je n'avais pas prévu cela moi, ma mère refuse que je revienne travailler avec eux tant que je n'ai pas réalisée mon destin ! Vous savez ce que c'est de grandir dans une famille qui est convaincue que tout ce qui vous arrive est prévu depuis toujours, quand on croit en cela ? Je ne penses pas non. Ne me dites pas que vous ne vous souvenez pas, ce que vous pouvez pour moi...

Elle grogna, posa sa valise, serra les poings et lâcha.

-Vous avez dit à mes parents que vous feriez de moi votre apprentie, votre écuyère, une future chevalière !

Elle s'arrêta, fixa un moment Ebao avant de finir par une petite note calme, croisant les bras.

-Et me voilà.

Ne pouvait-elle pas parler un chouïa moins fort ?

Cependant, ce que la jeune femme racontait là faisait écho à un souvenir qui semblait sortir d'une soirée brumeuse. A vrai dire, chacun de ses mots résonnait avec quelque chose qu'avait vraiment dit le chevalier !

La veille, pour fêter un... anniversaire ? (il n'était toujours pas très sûr sur ce point, aussi il allait décider que ce serait pour fêter un anniversaire) Ebao et ses frères d'armes avaient bu et plaisantés en mangeant du gâteau à la carotte... En ça pas de doute que la fête se soit passé à la taverne des Belströd, il n'y a qu'un gâteau aux carotte comme celui là !

Puis soudain, vers la tombée de la nuit, deux gros balourds étaient arrivés, fortement alcoolisés et irrespectueux envers les damoiselles qui se trouvaient là. Evidemment, Ebao et sir Elban s'étaient levés pour débarrasser la taverne de ces intrus ! Mais là, le tavernier les avait arrêté et avait simplement dit :

- Non, laissez la faire...

Une adolescente avait alors surgit et un souvenir flou de Dagmar Belströd fit son apparition (même floue elle avait toujours un si gros nez...) dans la tête d'Ebao. L'adolescente, de tout son cran était alors allée s'occuper des deux balourds et les avait mis dehors, n'hésitant pas à leur envoyer le contenue d'un gâteau aux carottes sur la tête !

Alors fortement alcoolisé, Ebao avait été impressionné et n'avait pas jugé mieux que de déclarer :

- Votre fille est impressionnante monsieur Belströd ! Elle ferait une sacrée chevalière

- C'est vrai, s'était contenté d'ajouter Sir Elban

- Vous devriez nous l'envoyer ! On en ferait une écuyère ! avait poursuivi Ebao

- C'est vrai, s'était contenté de répéter Sir Elban

Puis pour une raison qu'il comprenait enfin, monsieur Belströd avait finalement proposé une tournée générale et la fête avait durée quelques heures de plus...

Tout ça pour dire que Dagmar ne mentait pas. Et que le tavernier prenait toute promesse d'un homme saoule comme un serment inviolable (visiblement).

- Huuum... Il se pourrait que j'eusse dis ç'la en effet...

C'est le regard d'Olrän qui mit soudain Ebao mal à l'aise. La jeune femme n'avait aucun entrainement aux armes et il n'était même pas sur qu'elle ait appris à lire (elle devait savoir compter, mais lire !)... Cependant... Il fallait admettre que se débarrasser de deux ivrognes aussi facilement quand on est qu'une gamine impose le respect...

Autant voir où cela menait non ?

- Bon... Hé bien... Je suppose qu'une promesse est une promesse et que vos parents ne vous attendent pas pour dîner... Accompagnez moi, mademoiselle Belströd, nous allons nous rendre à la caserne. Vous allez devoir signer des papiers d'enrolement et on vous attribuera une chambre...

Ce serait aux maîtres d'armes de s'occuper d'elle dans un premier temps... Puis elle suivrait Ebao dans des missions qui se dérouleraient à Hantonael avant de finalement aller en dehors de la capitale... Pourquoi pas après tout ? Il était temps que le chevalier forme un écuyer et s'il pouvait obtenir quelques tournées gratuites lors des anniversaires grâce à ça...

- Evidemment, les autres écuyers ne seront pas tendres et il n'y a pas beaucoup de filles... Mais mon petit doigt me dit que vous saurez vous débrouiller comme un charme.

Il se pencha pour prendre la valise de la jeune fille et partir devant, tandis qu'Olrän la regardait toujours avec surprise. Il finit simplement par dire :

- C'est ton fiancé qui sera fier de toi ! Bravo Dagmar !

Enfin, le chevalier semblait comprendre. Ah ! Quelle idée lui avait t'il traversé la tête lorsqu'il avait clamé qu'il en ferait une chevalière. Tavernière, tavernière ! Dagmar voulait devenir tavernière ! Qu'il y avait-il de si compliqué dans cela ? Rien ! Si cette soirée ne s'était jamais passé, Dagmar aurait reprit la taverne "Le gâteau aux Carottes" et l'aurait fait grimper dans les meilleurs tavernes de la capitale, un lieu de rendez-vous pour tous et tout type d’événements. Mais non, il avait fallu qu'un chevalier se point et dise à son père "Vous devriez nous l'envoyer ! On en ferait une écuyère !".
Ah ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd, dès la taverne fermée, il en avait déjà parlé à sa femme et le couple avait ordonné à leur fille de faire sa valise. Sa mère était les larmes aux yeux et criait que c'était son destin ! Et qu'on ne refuse pas le destin. Dagmar avait toujours cru que son destin était de devenir tavernière et se marier avec Olran, et voilà que ces deux parties se voient être envolées au loin. Enfin, non, Dagmar vit enfin un point positif, si celui qui la formait est le frère d'Olran, elle pouvait espérer un rapprochement et un jour se marier avec lui, soudainement, la tournure de son destin ne fut plus aussi catastrophique.

Pourtant, d'un jour à l'autre, passer de serveuse à écuyère, de sa vie avec ses parents à une celle avec des inconnu. Une condition pour qu'elle ne finisse pas aussi exécrable que maintenant, ces garçons ont tout intérêt à être attrayants, biens battis et aimables. Mais pas autant qu'Olran. Olran est parfait et il est impossible qu'ils soient à son niveau. Olran. Est. Parfait. La vérité générale de Dagmar oui. Elle écouta alors le chevalier qui s'était réveillé de son amnésie de la veille et avait prit sa valise. Elle le regarda faire avant de devenir rouge en entendant le frère de celui qui était partit devant. Il avait prononcé son nom !! Certes il pensait toujours qu'elle était fiancée mais... Il avait prononcé son prénom !!
Dagmar le regarda alors, toujours aussi rouge jusqu'au bout du nez avant de balbutier, elle ne pouvait le contredire...

-Ah ! Euh ! Ah ! Oui... M... Mon fi...ancé ? Oui oui ! Fier, très f... fier ! Ah !! Je...hein, je dois... Y aller ! Salut !!!

Elle s'enfuit alors à la suite d'Ebao, se trouvant idiote d'avoir agit ainsi. Mais maintenant c'était sûr, elle était écuyère d'Ebao Kuza, et le pire, Olran la croyait fiancée. Elle rattrapa le chevalier, se demandant comment une simple phrase de cet homme soûl avait pu autant changer son destin, mais elle devait le suivre, même si cela ne lui plaisait pas. Elle devait être confiante envers le Dieu du Destin, et puis cela rendait ses parents si fiers d'elle. Elle devait alors assurer, oublier la taverne avec qui elle avait grandit, les champs d'Aldonael, elle y retourna certes sûrement, mais visiblement, son avenir n'y était pas. Non, elle allait devoir apprendre à se surpasser et devenir plus forte que maintenant, car ce ne sera pas à coût de gâteaux aux carottes qu'elle se défendra et rendra ses parents heureux. Oui, même si l'idée ne lui plaisait pas encore, Dagmar sera une chevalière.