[Quête] Sous la Tempête

TITRE DE LA QUETE :

Sous la tempête

AUTORISEE AUX :

Civilisation

LIEU :

Les Vallées

DESCRIPTION ET REGLES DE LA QUETE :

Alors que vous êtes au beau milieu de nul part, une puissante tempête éclate ! La météo devient dangereuse et vous devez tenir le coup jusqu'à ce que ça se calme. Le PNJ sera là pour ne pas vous faciliter la tâche.

PRIVEE ? :

Non

NOMBRE DE MEMBRES PARTICIPANTS :

2

OORDRE DE PASSAGE :

- P.N.J.
- Ermaëlle Fyrnam
- Dagmar Belströd

Argent : 0 RPs en cours : - Sous la Tempête : Quête

SOUS LA TEMPETE

La journée avait pourtant bien commencé. Il faisait froid, mais beau. Un ciel bleu, un soleil pâle et presque inexistant, une herbe gelée qui crissait sous les pas, un air sec sous une brise légère. En soi, une belle journée d'hiver. La matinée s'était déroulée ainsi sans accroc, démarrant dans la blancheur du givre qui avait tout recouvert avant de disparaître au fur et à mesure que la journée avançait. Puis, dans les alentours de midi, les choses se gâtèrent avec une rapidité déconcertante. Le froid devint plus mordant, le ciel bleu se couvrit de nuages argentés faisant disparaître le soleil derrière eux, et la brise légère se changea en vent glacial qui émettait des bourrasques aléatoires, couchant l'herbe de la vallée et secouant les arbres des bosquets. Le temps calme virait à la tempête car le vent soufflait de plus en plus fort, de plus en plus froid et les nuages devenaient de plus en plus sombre. Qu'importait la raison pour laquelle vous vous trouviez ici, vous savez que les choses n'iront pas en s'améliorant. Pensez-vous continuer votre route en espérant rejoindre votre destination avant que le pire n'arrive ? Pour le moment, vous souffrez simplement du froid et du vent qui vous poussait avec force, mais rien ne dit que la météo se contentera de ça. Au contraire, au loin vous vous rendez compte que la couche de nuage s'étendait jusqu'à l'horizon et ne semblait pas apporter avec elle de bonnes choses.

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

L'hiver. Si la saison la plus froide de l'année portait le même nom sur les terres de l'Empire et en Hetenlaüd, elle était totalement différente en fonction du côté de la frontière où l'on se trouvait. A cette période de l'année, à Kartendark, le sol était couvert d'une épaisse couche de neige, qui étouffait tous les bruits. Il n'y avait rien de plus calme que les alentours de Karn, après une nuit entière pendant laquelle était tombée la neige. Durant son apprentissage, Ermaëlle passait parfois plusieurs heures non loin de la fenêtre de la bibliothèque de Maître Dyarm, observant le paysage enneigé. L'hiver d'Hetenlaüd était bien différent. Si le froid pouvait se révéler mordant, la neige était plus rare au début de la saison. Le givre était cependant très présent. C'était d'ailleurs pour cette raison que l'ancienne esclave était descendue du dos de sa monture, afin de la guider et éviter qu'elle ne se blesse à cause de la fine couche de glace qui couvrait le sol et l'herbe aux alentours. Ermaëlle procédait toujours ainsi, alors qu'elle se trouvait sur les terres de l'Empire. Si certains endroits permettaient à un cheval de se déplacer sans risque, la neige masquait parfois des creux ou de petites crevasses qui pouvaient rompre la patte d'un équidé sans mal. Si le givre semblait moins dangereux, il n'en était rien. Une chute était tout aussi possible, et l'enlumineuse voulait épargner un tel sort à Kyem.

La jument appartenait à l'un des marchands pour qui Ermaëlle avait travaillé plusieurs fois. En remerciement, l'homme lui laissait donc emprunter à moindre frais l'une des monture qu'il louait. Kyem avait toujours eu la préférence de l'ancienne esclave. Il s'agissait d'une jument robuste à la robe baie. Son caractère était doux et calme, et son pas sûr. L'équidé s'était laissé guider docilement, ce qui avait rendu le voyage bien plus facile à endurer, malgré le climat. Cela faisait cinq jours que la jeune femme et sa monture avaient quitté la capitale, accompagnant un groupe de marchands qui devait se rendre à Phékarön. Il ne s'agissait pas là de la destination de l'ancienne esclave, cependant. Après le mariage d'Ismelle et Farban, la vie avait reprit son cours habituel, et Ermaëlle avait accepté une commande toute particulière. Une connaissance d'Azam, la propriétaire de l'une des bibliothèques d'Hantonael, était venue à sa rencontre, alors qu'elle travaillait avec les autres écrivains publics. Il s'agissait d'un jeune homme, qui recherchait quelqu'un qui accepterait de dessiner les vallées environnantes, malgré le mauvais temps. Son père se faisait vieux, et ne pouvait plus voyager comme il le désirait. Aussi, le commanditaire souhaitait lui offrir quelques représentations de ces lieux qu'il avait si bien connu, dans sa jeunesse. Ermaëlle n'avait pas pu refuser une telle demande. Elle aussi aurait apprécié qu'on lui fasse un tel présent, afin de conserver un souvenir de son passé. Le prix et les différents détails convenus, l'ancienne esclave avait prévenu ses collègues de son absence, fait ses préparatifs, et avait rejoins des marchands dès que cela lui avait été possible.

En échange de quelques pièces, Ermaëlle avait pu profiter de la protection du groupe. Au gré de leur voyage et de leurs haltes, la jeune femme avait fait une multitude de croquis des vallées, ainsi que des quelques animaux qu'ils avaient eu l'occasion de croiser. Une fois revenue à la capitale, la jeune femme aurait tout le loisir d'améliorer ses esquisses, et d'y ajouter quelques couleurs. Bien sûr, les teintes les plus présentes seraient sans doute le blanc, le bleu et le gris. Mais il ne fallait pas se laisser tromper. L'hiver offrait bien d'autres couleurs. Il fallait juste savoir y prêter attention. L'enlumineuse était plutôt satisfaite du commencement de son travail. Elle espérait que ses œuvres seraient au goût de son commanditaire et du père de ce dernier. Tout le monde y gagnerait. Le vieil homme pourrait profiter de certains paysages sans quitter son logis, et on entendrait parler d'avantage du travail de l'ancienne esclave, ce qui lui apporterait sans doute quelques nouveaux clients.

Toujours est-il que la jeune femme avait fini par abandonner le groupe de marchands. Cela faisait déjà trois jours qu'ils avançaient, et Ermaëlle avait tout ce dont elle avait besoin. Il lui avait donc semblé préférable de rebrousser chemin. Bien sûr, l'idée de voyager seule lui était déplaisante. Mais l'enlumineuse n'avait pas le choix. Elle ne pouvait pas s'attarder plus que nécessaire loin de la capitale, que cela soit pour mener à bien la commande qu'on lui avait faite ou pour reprendre son autre métier. Voyager en plein hiver n'était pas un problème pour elle, certes. Cependant, Ermaëlle gardait bien à l'esprit que la mauvaise saison n'empêchait pas les attaques. Aussi, la jeune femme avait quitté Hantonael armée de sa dague. Mieux valait prendre toutes les précautions possibles...

Cela faisait donc deux jours qu'Ermaëlle marchait avec Kyem pour seule compagnie. Si tout se passait bien, elles atteindraient bientôt la capitale. Peut-être dans la soirée ou le lendemain. Le ciel était encore clair, et Ermaëlle devait avouer que la journée était plutôt belle, pour voyager. Avec sa longue et épaisse cape noire, dont la capuche masquait en partie son visage et le protégeait, l'enlumineuse ne craignait pas le froid. Son inquiétude était plutôt portée vers Kyem. Mais la jument n'avait pas encore montré de signes de faiblesse et avançait toujours d'un pas pour le moins cadencé. S'arrêtant quelques instants, appuyant son bâton de marche contre elle, la jeune femme caressa le chanfrein de la jument de l'une de ses mains gantées, la félicitant pour son calme. Ensuite, l'ancienne esclave se remit en marche, prenant toujours garde à ce qu'il se passait autour d'eux.

Au fil du temps, le climat sembla de moins en moins clément, aux yeux d'Ermaëlle. Les bourrasques glaciales se multipliaient, se faisant de plus en plus fortes. Les nuages gris, ayant viré au noirs, n'avaient pas échappé à la jeune femme. Les tempêtes étaient fréquentes, sur les terres de l'Empire. Il fallait savoir en reconnaître les signes avant-coureurs. L'ancienne esclave craignait le pire. La capitale était encore lointaine. Jamais elles ne pourraient l'atteindre avant que les éléments ne se déchaînent ! Il fallait trouver un abri, et vite ! L'enlumineuse ne connaissait que trop bien les conséquences d'un pareil événement ! Avisant un petit bois qui se trouvait non loin, Ermaëlle resserra sa main sur la bride de sa monture, l'intimant à la suivre dans une autre direction. Luttant de nombreuses et longues minutes contre les bourrasques glaciales et le froid, l'ancienne esclave et sa monture atteignirent finalement leur but. Protégeant à nouveau son visage à l'aide de sa capuche, qui avait été rabattue par une bourrasque, l'enlumineuse entreprit d'observer les alentours. Pour le moment, l'enlumineuse décida de rester en lisière du petit bois, afin de pouvoir suivre les changements de temps aussi distinctement que possible. La jeune femme savait que ce bois ne leur apporterait pas la plus grande des protections. Mais cela suffirait sans doute le temps qu'Ermaëlle repère un autre endroit plus adapté. Mieux valait ces quelques arbres plutôt que d'être des proies de choix pour le vent glacial, et la neige ou la pluie qui pourrait le rejoindre... Alors qu'elle scrutait toujours les alentours, l'enlumineuse crut discerner une ombre, un peu plus loin. Intriguée et quelque peu inquiète, la jeune femme poursuivit son observation. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Ou... de qui ? L'ancienne esclave espérait qu'il ne s'agissait-là que d'un tour de son imagination, et que personne d'autre ne se trouvait en ces lieux... Le climat ne se montrerait clément pour personne...

Codage par Libella sur Graphiorum

Le sac de Dagmar commençait à faire lourd sur son dos; se balader avec un sac plein de carottes n'était pas vraiment une bonne idée. Le sac en toile brune, effiloché, laissait sentir une odeur puissante de carottes fraiches, ces dernières se bousculant dans l’obscurité du sac que tenait la serveuse en faisant passer le bout au dessus de son épaule pour s'aider à supporter le poids, elle le faisait d'ailleurs souvent basculer d'une épaule à l'autre en marchant afin de ne pas trop user d'une seule épaule.
Dagmar marchait à côté de son cheval noir au museau blanchit par le temps et appartenant à son père. Elle le lui empruntait souvent, préférant ce dernier qu'à la vieille jument blanche et grise de sa mère qui avait un caractère à donner des coups de sabots. L'équidé noir portait lui aussi deux autres sacs de carottes que l'adolescente avait accrochés entre eux par une corde afin de les faire tenir sur l'animal. Ainsi, ils déambulaient lentement dans les plaines givrées, en direction de la capitale, au milieu des plaines qui séparaient Hantonaël et Kanëzak, le lieux de vie de l'agricultrice fournissant les carottes à la taverne.

En effet, cette fois ci, c'était Dagmar qui avait dû aller chercher les carottes chez l'agricultrice, la panique était à son comble à la taverne "Le Gâteau aux Carottes" lorsque Madame Kizine Caffr avait envoyé un corbeau à ses plus fidèles clients. La bête avait été un peu naïve en fonçant dans la fenêtre de la chambre du couple Belströd, tête baissée. Elle s'était donc retrouvée au sol après s'être cognée contre la vitre, à s'agiter en croassant sur l'herbe. La mère de Dagmar, qui s'était réveillée à cause du bruit, s'était empressée d'ouvrir la fenêtre pour recueillir le pauvre animal. Son mari s'était ensuite occupé à choyer la bête, madame Belströd s'était tant qu'à elle, plutôt occupée à lire la lettre de Madame Caffr. Cette dernière avait exposé clairement le problème, elle ne pourrait venir leur faire la livraison habituelle à la capitale, son cheval étant tombé malade par une nuit froide. Seulement, la taverne ne pouvait se passer des carottes, là, était l'ingrédient principal de leur plat, leur spécialité, leur nom, leur réputation, et il était hors de question de prendre d'autres carottes. Cela aurait été infidèle pour l'agricultrice Kizine, tandis que le goût changerait grandement, devenant incertain. Enfin, cela d'après la cuisinière de la spécialité. Alors, madame Belströd fit ce que toute bonne cuisinière devait faire afin de contenter ses clients avec sûreté : elle partie chercher sa fille dans sa chambre alors que cette dernière dormait paisiblement dans ses draps.
Elle la réveilla avec empressement, lui expliquant la situation que la jeune brune ne comprenait pas. Pourquoi sa mère n'allait tout simplement pas chercher ses carottes ailleurs pour une semaine ? Lorsque la serveuse posa la question, la cuisinière lui jeta un regard dur et froid, s'ensuivant d'un discours sur la qualité des carottes influençant le moindre ingrédient du gâteau pour enfin que cela se termine en une harmonie exquise sur le palais de la personne qui dégustera le met.
Sans contester plus, de peur de se retrouver avec une dissertation sur les carottes de dix-huit pages recto-verso, Dagmar dû préparer des sacs, un pour ses affaires et trois autres sacs en toile afin de ramener les carottes. Elle partit le matin même et arriva en fin d'après-midi du lendemain de son départ, à dos du vieux cheval de son père. Dagmar entra donc dans le village de Kanëzak, se plaignant du froid alors qu'elle était couverte de la tête au pied. Ses bottes brunes aux pieds, son manteau épais sur les épaules et son écharpe noire recouverte des cheveux bruns détachés de la serveuse. Kizine l'avait alors aidé à remplir ses sacs, baissant le prix de ses carottes pour ce désagrément occasionel. La femme remercia quand même Dagmar qui avait fait le chemin jusqu'à elle pour ses carottes, et lui proposa de dormir chez elle pour la nuit lorsque l'adolescente se préparait à partir en fin de soirée. Dagmar accepta, ne désirant pas passer sa nuit sur le dos de son cheval ou encore à chercher un lieu à dormir au beau milieu des plaines. De plus, elle connaissait Kizine depuis un moment et lui était confiante. Elle bu une soupe de carotte le soir avant d'aller dormir, se reposer pour le départ du lendemain.

Le lendemain matin, Dagmar prit le chemin du retour, frissonnant dans le froid sous le ciel bleu après avoir remercié l'agricultrice. Il était presque midi lorsqu'elle décida de prendre une pause, ses épaules et pieds n'en pouvant plus. Pourtant, ce sont aussi vers ces alentours qu'elle sentit l'air se refroidir rapidement et vit le ciel se couvrir. Cela l’inquiéta quelque peu mais sans plus, ce ne serait pas la première fois qu'elle finirait sous la pluie. Seulement, Dagmar avait à peine avancée depuis son départ, les sacs étant lourds, elle et le cheval trainaient à avancer avec leurs sacs de carottes sur le dos. Ce fut alors à ce moment qu'elle voulu reprendre le voyage sous une plainte de l'animal l'accompagnant.
Le vent se fit de plus en plus fort, poussant Dagmar et le cheval sur le côté, des bourrasques les ralentissant. La serveuse en lâchait parfois des grognements d'agacement, essayant de pousser sur ses jambes afin de contrer le vent qui devenait de plus en plus fort tout comme le ciel de plus en plus noir. Noir, comme son cheval qui commençait à stresser face à ce temps devenant assez gâteux. Il hénissait parfois comme pour implorer la brune d'aller se mettre à l'abri face à ce temps. Les sacs de carottes sur le dos de l'animal se levaient légèrement sous le vent, les claquant contre ses flancs par la suite.

Dagmar s'arrêta en plein milieu du chemin pour se tourner vers son cheval, prête à le réprimander pour faire autant de bruits qui l'agaçaient. Mais la vue des nuages s'étendant jusqu'à perte de vue la coupa dans son élan. Elle se contenta d'entrouvrir la bouche alors qu'elle sentait l'air froid se glisser dans son cou et sur ses doigts, lui gelant ces derniers. A ce moment, elle comprit les craintes de l'animal, liés au temps. Elle balaya alors du regard la plaine avant de voir ce qui semblait être l'orée d'un bois au loin. Si les arbres étaient vivement secoués par le vent, cela le coupait tout de même et abritait partiellement. Elle attrapa alors les rennes de son cheval, les serrant fermement avant de se diriger vers le bois. Au bout de quelques temps elle s'y retrouva, voyant les arbres danser selon le bon vouloir du vent glacial. Glacial, oh oui, la jeune femme avait glissé plus de la moitié de son visage dans son écharpe, ses cheveux détachés se bataillant dans les airs, devant son visage. Elle ne voulait les attacher pour le moment, il pouvaient certes être contraignants par la vue mais ils ne pouvaient qu'un peu plus la réchauffer, et ce un peu plus était le bienvenu avec ce froid.

Dagmar finit par percevoir quelqu'un au loin malgré ses mèches la gênant dans sa vision. Elle espéra alors trouver ici quelqu'un vivant prêt du bois et qui pourrait l'abriter ne serait-ce que le temps que cela passe, elle et son cheval qui marchait vainement à côté d'elle. Elle haussa alors le ton pour essayer de se faire entendre malgré le vent, s'approchant à grand pas en essayant d'y voir clair malgré ses cheveux. Elle se démenait toujours avec son sac de carotte qui lui faisait que plus mal au dos.

-Excusez moi ! Vous êtes du coin ? Savez vous où nous pouvons nous abriter ?

Argent : 0 RPs en cours : - Sous la Tempête : Quête

SOUS LA TEMPETE

A l’approche des nuages, à l’approche d’un vent toujours plus fort, vous vous sentez fébriles. Froids. Glacés. C’est soudain et brutal. Vos poils s’hérissent. Vos dents claquent presque. Puis vous avez ce mauvais pressentiments. Ce nœud à l’estomac qui sait. Ce nœud qui est au courant de ce que ce changement radical implique. Les rafales de vent se faisaient toujours plus fortes. Chaque nouvelle qui arrivait dans la vallée semblait plus puissante que la précédente. Le feuillage des arbres était fortement secoué par les bourrasques, déjà qu'il ne restait plus grand chose de leurs feuilles à cause de l'hiver...L'herbe de la vallée était plaqué au sol, écrasé par le souffle qui s'abattait dans la région. Le vent était froid, glacial même. Il s'engouffrait partout où il le pouvait, dans le moindre interstice des vêtements de ses victimes afin de leur geler la peau. Les oiseaux ne contrôlaient plus leur vol et très vite, il n'y en avait plus un seul dans le sombre ciel nuageux. A l'approche de cette tempête qui s'avérait colossale, les animaux se cachaient. Les rafales de vents bousculèrent tout malheureux individu égaré dans la vallée, le ballottant avec une force perturbante qu'il était difficile de marcher en ligne droite. C'est alors qu'une personne espère trouver refuge à l'orée d'un petit bois tout aussi malmené par l'arrivée de la tempête que tout autre. Plus loin, une autre victime des éléments se hâtait à rejoindre la première. Les vents se déchaînaient, mais très vite, vous sentez un picotement froid sur votre visage. Puis un autre, et un suivant, avant de vous rendre compte qu'il s'agissait de fines gouttelettes de pluie glaciale qui commençaient à tomber du ciel. Et ce, de plus en plus fort, frappant la peau des prisonnières de la vallée comme des perles de glace poussées par le vent dans la figure. Rien ne s'arrangeait. La pluie s'épaissit, cela devint voilé autour de vous. Votre vision fut gênée par un rideau de pluie. Presque un rideau de fer. C'était inquiétant. Les arbres quasiment nus souffraient autant que vous et peinaient à vous protéger.

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

Les éléments se montraient de moins en moins cléments... Un véritable rideau de pluie glacée s'était mêlé au vent, frappant de plein fouet le visage de la jeune femme, lui ôtant sa capuche et s'en prenant à sa chevelure déliée, et le poil de la pauvre jument qui l'accompagnait. Ermaëlle ne put s'empêcher de jeter un regard dans la direction de Kyem. Si la pauvre bête gardait son calme, la jeune femme se rendait bien compte qu'elle commençait à souffrir du vent et de cette pluie glacée ! Il leur fallait un abri, et vite ! Ces arbres décharnés ne pouvaient pas les protéger efficacement de ce courroux de la Nature ! Sur les terres de l'Empire, la majorité des forêts étaient composés de pins et de sapins. Ces derniers ne perdaient que rarement leurs aiguilles, ce qui pouvait rendre leur protection assez performante. Cependant, il ne fallait pas oublier pour autant que la neige qui s'amassait sur les branches pouvait devenir une source d'accident...

C'est alors qu'une voix perça le vent et la pluie. Au début, Ermaëlle cru avoir rêvé. Après tout, le souffle du vent, pour ne pas dire son hurlement, pouvait tout à fait s'apparenter à une voix humaine, dans certains cas. Aussi, la jeune femme tendit l'oreille, se demandant toujours si une autre personne était effectivement présente en ces lieux, ou s'il ne s'agissait que d'un mauvais tour des éléments qui se déchaînaient encore et toujours... Une voix... Une voix et une forme. Quelqu'un ! Quelqu'un qui s'adressait à elle ! L'ancienne esclave aurait préféré rester seule... L'enlumineuse ne souhaitait à personne de se retrouver dans une telle tempête ! Car c'était-là le mot juste ! Une véritable tempête, qui s'apparentait à celles qu'Ermaëlle avait pu affronter sur ses terres de naissance !

« Hélas, je crains ne pas pouvoir vous aider ! s'exclama la jeune femme, en espérant que sa voix ne serait pas étouffée par le souffle du vent. Je me suis abritée ici en attendant que les choses se calment ! Venez me rejoindre ! Ces arbres n'offrent peut-être qu'un maigre abri, mais je crains qu'il ne nous soit pas possible de trouver mieux pour le moment ! »

Si l'autre personne ne devait pas être très loin, dans le cas contraire Ermaëlle doutait qu'elle l'ait entendu, la jeune femme ne percevait pas sa présence. La seule chose que discernait l'ancienne esclave était une forme, ou plutôt deux, qui semblaient s'approcher de l'abri de fortune qu'elle partageait avec sa monture. D'après ce que l'enlumineuse avait entendu, il s'agissait sans doute d'une femme. Pour ce qui était de la créature l'accompagnant, il s'agissait très certainement d'un cheval, au vu de la taille de la seconde forme, et de la réaction de Kyem. Si la jument avait fait preuve d'un grand calme jusque-là, ses oreilles s'étaient dressées et son regard était tourné en direction des deux formes.

Au fil des secondes, la situation se clarifia quelque peu, malgré la présence de la pluie. Il s'agissait bien d'une femme et de sa monture. Ermaëlle n'hésita pas à lui faire un signe, lui indiquant ainsi sa position. Au vu du climat, mieux valait rester grouper ! Cela ne ferait qu'augmenter leurs chances de réchapper à cette tempête ! Voyant que l'autre duo se rapprochait de l'endroit où elle se trouvait avec Kyem, l'ancienne esclave cessa son geste, se renveloppant dans son épaisse cape sombre. L’enlumineuse ne put s'empêcher de jeter un regard dans la direction de sa jument. Plus le temps passait et plus le froid la faisait souffrir, Ermaëlle en avait la certitude... Il leur fallait un véritable abri. Un endroit qui ne laisserait pas passer la pluie et le vent. Mais était-ce possible de trouver cette perle rare en ces lieux ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Dagmar se débattait avec le vent pour avancer droit devant elle, ses pieds poussés sur le côté, son sac se soulevant légèrement avant de venir lui claquer le dos. Pas le temps de dégager ses cheveux et les attacher correctement, la pluie qui transperçait le bois aux branches nues, venait plaquer ses mèches à son visage, les brunissant un peu plus de la même manière. Marcher en devenait difficile, en plus de lutter contre les bourrasques, la pluie qui lui masquait la vue, le froid se glissant dans les recoins de ses vêtements afin d'atteindre sa peau et lui procurer des frissons, elle devait essayer de contenir son cheval. Ce vieil animal était totalement paniqué et stressé, se démenant afin que la serveuse le lâche de ses rennes. Mais Dagmar serrait du mieux qu'elle pouvait, elle ne pouvait le laisser prendre la poudre d'escampette, même si lui aussi devait souffrir du froid, de la pluie et du vent. Sa robe noire en était la preuve, même mouillés, certains poils se soulevaient sous le vent qui glissait sur la peau.

La jeune brune entendu alors une réponse, détachée. Elle ne put discerner que quelques mots tandis qu'elle s'arrêtait pour se concentrer sur les mots qu'elle entendait. Son cheval regardait autour d'eux, paniqué. Une fois son cerveau ayant décodé : "crains ne pas", "attendant", "rejoindre", "maigre abri et "mieux pour le moment", Dagmar comprit alors que la personne l'invitait à la rejoindre, ce qui n'était pas plus mal. Elle ne saurait comment gérer cette tempête seule et qu'il y ait un autre malheureux avec elle la rassurait quelque peu. Son cheval lâcha un hennissement, essoufflé de s'agiter, il était alors devenu un peu plus calme. Dagmar grommela et alors qu'elle recevait un nouveau coup de son sac, dans le dos.

-Calme toi Ulmys !

Elle reprit alors son chemin, en direction de la voix qu'elle avait entendu, essayant d'avancer malgré les éléments qui la ralentissait. Elle finit par discerner parfaitement la silhouette à travers la pluie, le rideau qui l'avait trempé. Une femme, c'était une femme, enfin d'apparence. Elle s'approcha un peu plus et pu discerner clairement la femme à la cape sombre, une longue chevelure brune-rousse sortant de la capuche, et une jument. Son cheval, justement, se remit à hennir et Dagmar soupira en l'entendant. Elle s'approcha un peu plus, fixant un la capuche silencieusement, elle s'arrêta enfin, gardant les rennes de son cheval en main. Elle ne pouvait l'attacher à un arbre de peur qu'il lui arrive une branche sur lui ou autre accident. Elle jeta un regard aux poils blancs ornant le museau de l'animal et se pinça la lèvre.

-Merci...

Elle sentit une bourrasque la bousculer légèrement, cet abri avait ses limites, il fallait trouver mieux, car Dagmar doutait que la tempête allait s'arranger avec le temps. Elle continua alors sans vraiment d'interruption.

-Mais... Je penses qu'il nous faudra trouver un autre abri assez vite.

Dagmar posa quand même le sac de carotte qu'elle portait, à terre, soulageant son dos, tandis que le sac restait au sol, bougeant légèrement de sa toile. Elle balaya ensuite de sa main, ses cheveux mouillés plaqués sur son visage qui laissait ressortir seulement son nez. Une fois son visage dégagé, elle tira un bout de tissu coupé en ligne fine, noir, afin de se rattacher correctement ses cheveux, sachant que cela n'allait pas tenir, mais si elles devaient soudainement bouger, cela la gênerait bien moins. Qui sait, elle craignait de devoir quitter le bois, se retrouvant dans la plaine sans que les troncs ne coupent les bourrasques qui arrivaient violemment à elle.

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SOUS LA TEMPETE

Vous ressemblez à de malheureux naufragés sur un bout de sable au milieu de l’océan. Vous ressemblez à ces pauvres âmes qui attendent désespérément qu’une aide, peut-être divine, vous vienne. Vous voilà ensemble néanmoins, ce qui peut apporter peut-être un peu de chaleur dans vos cœurs. Vous savez que vous n’êtes plus seuls à supporter le chaos qui s’abat sur vous. Vous pouvez sentir les émotions de l’autre. L'agacement, le stress, la peur. Parce que oui, dans la vallée, les choses se gâtent encore d’avantage. Les vents se déchainent tandis que vous ne pouvez pas voir plus loin que le bout de votre nez. C'est brumeux, voilé. Vos montures sont toutes aussi inquiètent que vous ne l’êtes. Ce petit bois ne paraît pas être l’abri idéal contre cet ouragan. Il peut même en devenir votre ennemi, allié de la tempête. En effet, alors que vous espérez être plus ou moins en sécurité en ces lieux, un craquement soudain vous permet de douter de cette idée. A quelques centimètres à peine de vous, une branche tombe, brisée de son tronc par une violente rafale. Plusieurs autres, au sein du bois, trop fragiles pour tenir le coup, en font autant. Les plus fines s’élancent un instant dans le ciel dans un ballet inquiétant, jusqu’à se raccrocher malencontreusement à des arbres qui les retiennent dans leur parade. Si elles ne peuvent vous assommer, il faut tout de même rester vigilant, car un coup reste douloureux et un œil peut aisément être crevé. Alors que vous pensez que le pire se déploie sous vos yeux, un nouveau bruit, plus terrifiant encore, perce les hurlements du typhon. A travers la pluie qui gêne votre vision, vous parvenez néanmoins à voir un peu plus loin la silhouette d’un arbre mort du bois qui s’effondre contre ses semblables.

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

L'autre personne semblait avoir grand mal à se diriger, dans cette tempête. L'espace de quelques instants, Ermaëlle fut tentée de lui apporter un peu d'aide. Cependant, la jeune femme abandonna rapidement son idée, la nouvelle-venue réussissant finalement à la rejoindre. L'adolescente, l'ancienne esclave doutait qu'elle ait déjà atteint sa vingtième année de vie, était accompagnée d'un cheval à la robe sombre. Contrairement à Kyem, qui avait gardé son calme jusqu'à présent, l'autre équidé semblait pour le moins effrayé par la tempête, au vu des hennissements qu'avait poussé la pauvre bête. L'enlumineuse ne put s'empêcher de jeter un regard dans la direction de sa monture. Combien de temps se passerait-il avant que sa jument ne réagisse de la même façon que la monture de l'adolescente ? Toujours est-il que si Kyem avait ressentit de la crainte pendant quelques instants, cette dernière semblait s'être envolée au moment même où elle avait aperçu son congénère, pour être remplacée par ce qui semblait être de la curiosité ! Les oreilles pointées vers l'avant, la jument baie semblait observer son congénère avec la plus grande des attentions !

En entendant l'adolescente lui adresser la parole, Ermaëlle reporta son regard sur elle. Comprenant qu'elle venait de la remercier, la jeune femme se contenta de hocher la tête. C'était un comportement des plus naturels. Par une telle tempête, il n'était pas bon de rester seule. L'ancienne esclave ne le savait que trop bien. Sur ses terres de naissance, abandonner quelqu'un par un tel temps revenait presque à le condamner à mort, soit par le froid, soit par la faim... Dans le cas actuel, le vent devenait également un ennemi. Les bourrasques pourraient les déséquilibrer, ou encore emmener dans leur sillage quelques projectiles de fortune qu'il serait sans doute impossible de remarquer avant que ces derniers n'atteignent une cible...

« Je ne partage que trop votre avis... commenta Ermaëlle, en jetant un regard inquiet aux arbres qui les entouraient. C'était d'ailleurs mon but, avant de vous apercevoir. La jeune femme se tut quelques instants, avant de reprendre. Hélas, je crains que ce bosquet ne puisse rien pour nous à ce sujet... »

Les arbres étaient bien trop menus pour composer un abri suffisant, face à cette tempête. Au contraire, ils pourraient même leur poser problème, si la situation s'aggravait. Si Ermaëlle s'était arrêtée en ces lieux, c'était avec l'espoir d'y trouver un réel abri, comme une cabane de bûcheron. Lors de sa fuite, elle était tombée sur un pareil endroit. Le lieu était totalement vide, peut-être même abandonné depuis plusieurs années. Un réel miracle. Cela lui avait permit de reprendre quelques forces sans souffrir de trop du froid et des éléments... Mais il ne semblait rien avoir dans ce bosquet... Il n'était en rien comparable aux immenses forêts de conifères qu'il était possible de trouver sur les terres de l'Empire...

Une forte bourrasque délivra à nouveau la chevelure de l'ancienne esclave de son étau de tissu. Sur le moment, Ermaëlle ferma les yeux, ne pouvant les garder ouverts devant la force du vent. Quand il lui fut possible de voir à nouveau le monde qui l'entourait, la jeune femme se saisit de la longue tresse qui pendait désormais dans son dos. Il n'était pas question que sa chevelure devienne un problème pour elle. Glissant sa tresse dans sa cape, l'enlumineuse fit aussi en sorte de la coincer entre son dos et la sangle de sa sacoche. Après avoir resserré cette dernière, Ermaëlle remit convenablement sa capuche, tout en sachant que le vent aurait vite fait de la lui ôter à nouveau.

Malgré le vent, les alentours étaient comme voilés. Avec le temps, Ermaëlle avait même l'impression que cette étrange brume s'épaississait avec le temps. Que se passait-il ? La jeune femme scrutait les alentours, cherchant par tous les moyens à retrouver une meilleure visibilité. Mais c'était peine perdue. Qu'importe la direction dans laquelle la jeune femme portait son regard, le voile était toujours présent. Trouver un abri ne serait déjà pas une mince affaire... S'il était également impossible de faire un pas sans risquer de se blesser, les choses n'en devenaient que plus complexes encore...

C'est alors qu'un craquement se fit entendre. Surprise, Ermaëlle ne tarda pas à remarquer qu'une branche venait de tomber sur le sol. D'autres branches, beaucoup plus petites, entamèrent une inquiétante valse, emportées par de violentes bourrasques. Si Kyem avait gardé son calme pendant la totalité de leur voyage jusqu'en ces lieux, la jeune femme remarqua sans mal les signes d'inquiétude de la part de la jument. Inquiétude qui se confirma quand un nouveau craquement retentit. Inquiète, Kyem hennit une première fois. L'horrible bruit n'était pas du à une simple branche, mais à un tronc dans son entièreté ! Quand la carcasse de bois se retrouva sur le sol, la jument renâcla avant de hennir à nouveau, se débattant quelque peu. L'ancienne esclave réussit cependant à l'apaiser, lui flattant l'encolure, tout en gardant les rênes en main, afin que l'équidé ne puisse pas s'enfuir.

« … Nous ne pouvons rester ici. finit par dire Ermaëlle, visiblement inquiète. Ce bosquet ne résistera pas à cette tempête... La jeune femme se tut quelques instants. Je suis passée ici, il y a quelques jours... Avec d'autres voyageurs, nous avions bâti notre camp non loin de quelques rochers... Au vu de leur taille, le vent ne risque pas de les emporter... Nous pourrions nous abriter non loin d'eux... Cela serait toujours mieux que ce bosquet... »

Ermaëlle avait préféré emprunter le même itinéraire, mais en sens inverse, enfin de retourner à la capitale. Ce chemin était sans aucun doute plus dégagé que les autres, et la jeune femme était certaine de ne pas se perdre, de cette façon. Ce Royaume était en majorité composé de vallées et de plaines. Ne pas y retrouver son chemin était une chose si aisée... Pourtant la jeune femme était certaine de pouvoir retrouver ces rochers. Leur forme serait facilement reconnaissable, même avec cet étrange brouillard. Bien sûr, se repérer par un tel temps ne serait pas chose facile. Mais l'ancienne esclave n'oubliait pas ces longs mois passés dans la toundra. Si elle avait pu y survivre, cette tempête n'aurait pas sa peau...

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Dagmar ne savait si le destin était en sa faveur ou non. Certes, elle avait réussi à trouver quelqu'un, réussissant ainsi à positiver en se disant qu'elle n'allait pas mourir seule, enfin, elle douta sur ce côté positif; mais le vent continuait ses rafales qui lui semblaient de plus en plus fortes. Ces dernières avaient finalement dévoilé le visage de celle qui l'accompagnait dorénavant, en même temps que ses cheveux, ce qui rassura Dagmar, elle n'était pas la seule à avoir ce problème. Mais l'heure n'était pas aux réjouissances pour si peu.
Alors que Dagmar soufflait un peu de sa lutte contre le temps, tout en écoutant la femme qui ne faisait qu'affirmer ses propos, ce bois était trop fragile pour durer. Même la nature semblait en accord avec eux, puisqu'il ne fallut pas longtemps pour qu'une branche tombe proche d'elles. Son cheval tira alors en sens inverse, se débattant pour qu'elle le lâche, et les rennes frottèrent alors les mains de l'adolescente, qui les serrait pour enfin les arrêter. Elle n'eut pas à souffler sur ses mains rougis, le vent qui emportait les petites branches. Il ne fallait surtout pas que cela se reproduise, son cheval lui brûlerait les mains et elle ne savait si elle allait pouvoir le garder proche d'elle. Calmer un cheval n'était pas son fort, et calmer Ulmys encore moins, cette bête était peureuse et complètement paranoïaque, cela lui étant venu avec l'âge. Elle n'avait jamais vu personne réussir à le calmer, mais Dagmar le préférait de loin à la monture de sa mère qui avait tendance à la frapper dans le ventre dès qu'elle passait derrière elle. Un autre craquement se fit entendre, Dagmar et le cheval au museau gris tournèrent leur tête vers la provenance du bruit, et virent le tronc tomber dans un fracas de craquement. Les poils de Dagmar hérissèrent au bruit tandis que le cheval était tétanisé face au spectacle, les oreilles dressées, tout deux trop occupés pour remarquer un sac de carotte qui se faisait trainer au sol par le vent, raclant la terre et la boue.

Au hennissement de la jument à côté, Ulmys se mit aussi à hennir, la bête tremblante de peur, ne bougeait pourtant plus, comme si elle attendait que le destin le frappe et finisse sa vie d'un coup de branche. Dagmar sortit elle aussi de sa stupeur et remarqua le sac qui essayait de se faire la malle.

-Nom d'une carotte !

Elle lâcha le cheval sans trop réfléchir et courut reprendre le sac pour le glisser sur son dos en grognant de douleur. Lorsqu'elle revint, elle reprit les rennes de son cheval, comprenant qu'elle avait risqué de le perdre dans le danger de la tempête. Elle lui jeta un regard, et lui caressa doucement l'encolure, ce qui le faisait à peine réagir. Ce fut la femme, qui tenait maintenant elle aussi son cheval, ce dernier s'étant lui aussi mit à paniquer, qui la coupa dans son geste. Dagmar écouta alors sa proposition et hocha la tête, elle s'y sentirait sûrement plus en confiance que cet abri qui risquait de leur tomber sur la tête.

-Très bien, je suis pour, je vous suis.

Elle ajouta ensuite d'un murmure, pour elle même.

-J'espère vraiment que cela ira mieux là bas...

Elle lâcha un soupir, tira légèrement le cheval vers elle, ce dernier avançait, silencieusement tout en tremblant et balayant les alentours d'un regard fou mais avançait. Dagmar grimaça, inquiète pour lui, elle ne savait si elle préférait cet état ou l'ancien.

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SOUS LA TEMPETE

La force du vent est telle que bien vite, vous remarquez la menace que votre abri provisoire était devenu. Les arbres n’ont pas plus de force que vous pour lutter contre cette tempête qui ne fait que commencer. Est-ce qu’elle va rester ainsi ou bien est-il encore possible que son ampleur augmente ? Il est sans doute trop risqué de rester ici pour attendre en espérant que les choses passent rapidement. La pluie, le vent, le brouillard, c’est déjà assez difficile à supporter comme ça mais désormais, vous devez prendre en compte les objets que les rafales emportent avec elles et qui menacent de vous blesser sur leur passage. Sans plus attendre, et possiblement pour le plus grand soulagement de vos montures affolées, vous décidez de changer de place, vers un lieu plus sûr. Sur le chemin, vous luttez contre les bourrasques qui essayent de vous faire tomber. Vous avez l’impression que toutes les divinités du monde sont contre vous. Et pourtant, vous savez néanmoins qu’il n’en est rien. Cette tempête est valable pour tous ceux qui se trouvent dans cette région en ce moment même. Pas de favoritisme. Les éléments n’ont rien contre vous. La colère des Dieux n’est pas personnelle. Elle est dans l’ordre des choses. La nature a décidé que cette tempête doit avoir lieu, et tant pis pour les dommages collatéraux. Au bout d’un moment, vous voilà enfin à proximité d’un endroit dont vous ne pouvez être que ravi de connaître l’existence. Ces gros rochers, contrairement aux arbres, ne bronchent pas face aux vents, ni à la pluie. Bien planté dans la terre, ils semblent pouvoir résister à n’importe quoi. Est-ce là que vous trouverez enfin un peu de répit ?

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

Après que sa camarade d'infortune lui ait signifié son accord, Ermaëlle se mit en marche, suivie par sa jument. Cette dernière ne tarda pas à se retrouver à sa hauteur, ce qui eut le don de protéger quelque peu la jeune femme des éléments déchaînés. L'enlumineuse espérait juste que la créature ne souffrait pas de trop. Kyem avait toujours été une jument des plus calmes, et des plus volontaires. Pour autant, la jeune femme savait très bien que le climat mettait les acquis de sa monture à rude épreuve, en témoigne sa réaction alors qu'elle se trouvait toujours sous le couvert des arbres... Peut-être avait-elle ressentit l'inquiétude de son congénère ? C'était une possibilité... Les animaux avaient des sens bien plus aiguisés que les humains, c'était un fait. Il fallait toujours prêter une grande attention à leur comportement, plus encore dans une telle situation. Toujours est-il que la peur qu'avait exprimé Kyem semblait s'être apaisée, pour le moment du moins. Ermaëlle voyait bien que sa jument ne se comportait pas comme à l'accoutumée... Son pas, si sûr en temps normal, s'était fait alerte, de même que son regard... Il fallait trouver ces rochers au plus vite...

Bien que marchant toujours, Ermaëlle jeta un regard dans la direction de la jeune fille qui l'accompagnait désormais. L'étrange brume était toujours présente. S'y perdre ne serait pas malaisé, plus encore avec les éléments qui se déchaînaient de concert... Une chance que la jeune femme ait son bâton de marche avec elle. Ce dernier lui offrait un appui supplémentaire, face à cette tempête. Un appui indispensable, presque sûr malgré le climat inhospitalier... Les bourrasques étaient d'une force telle... Si les voyageuses ne prenaient pas garde, il ne faudrait pas bien longtemps avant que l'une d'entre elles ne se retrouve sur le sol... Après s'être assurée que l'inconnue tenait toujours la cadence, Ermaëlle scruta à nouveau les alentours. La brume était peut-être épaisse, mais elle ne masquait pas totalement les composants du paysage. S'il ne s'agissait que d'ombres, cela devrait suffire pour trouver l'abri tant convoité.

Lors de la première partie de son voyage, Ermaëlle avait eu l'occasion de discuter avec certains des marchands qu'elle avait décidé d'accompagner. L'un d'entre eux lui avait expliqué que les rochers auprès desquels ils s'étaient arrêtés, était en fait un point de repère, une halte. Si l'un d'entre eux se perdait pour une raison ou pour une autre, il devait revenir ici. D'autres lieux du même acabit existaient, et étaient tous espacés d'une journée à cheval. Ainsi, il était simple de retrouver les retardataires, plus encore avec l'aide de ces lieux-dits spécifiques. La plupart étaient visibles aussi bien par temps clair que lorsque les conditions de voyage se dégradaient, comme c'était le cas pour les rochers. De part leur taille, ils étaient facilement repérable, c'était un fait. Ce n'était pas pour autant que les marchands ne prenaient pas toutes leurs précautions avant de quitter la capitale. Pour des raisons de prudence, la liste de ces lieux changeait à chaque voyage, afin que les bandits ne puissent pas les repérer à l'avance. Ce fait, ainsi que la présence de quelques personnes armées, suffisaient en général pour se prémunir des bandits des environs.

Alors qu'une bourrasque plus puissante que les précédentes tentait de la désarçonner, Ermaëlle baissa la tête. Resserrant son emprise sur son bâton de marche, la jeune femme le maintint fermement au sol, au point de l'enfoncer légèrement dans la terre gelée. Une ombre se découpait dans la brume, non loin. La jeune femme cligna des yeux, craignant que sa vision ne lui joue des tours. Mais ce n'était pas le cas. La forme se trouvait toujours là, persistante malgré la tempête. Faisant signe à la jeune fille de la suivre, l'ancienne esclave se hâta vers ce qu'elle pensait être les rochers. Quel ne fut pas son soulagement en se rendant compte de la présence effective des immenses pierres ! Ces dernières, couvertes d'une épaisse couche de givre, avaient été polies par le temps et les éléments, les arrondissant en leur sommet. Néanmoins, elles restaient assez hautes pour devenir un abri convenable face à cette tempête.

« Nous y voilà ! annonça Ermaëlle, en espérant que sa voix serait perceptible par sa camarade d'infortune, malgré le vent furieux. Allons nous mettre à l'abri ! »

Sans ajouter un mot de plus, la jeune femme tira à nouveau légèrement sur les rênes de sa jument, l'intimant à se remettre en marche. L'ancienne esclave ne s'arrêta qu'une fois à l'abri auprès des rochers. Ces derniers, étrangement rassemblés, formaient une cavité qui pouvait contenir un nombre restreint de personnes. Mais quid des chevaux qui les accompagnaient ? Il y avait-il de la place pour eux ? D'un autre côté, les imposantes roches restaient un abri à elles seules, créant un obstacle au vent. Avec un peu de chance, cela suffirait pour prémunir leurs fidèles destriers de certains des caprices du climat...

Codage par Libella sur Graphiorum

Une fois sa camarade partie traverser la tempête pour trouver ce nouvel abri prometteur, Dagmar s'entreprit de jeter un regard derrière elle. Ulmys semblait pouvoir la lâcher à tout moment d'une crise cardiaque. Pour le moment, le cheval marchait à côté d'elle, les poils bousculés par le vent, il semblait faible et cela semblait se confirmer lorsqu'une grande bourrasque un peu forte prenait le dessus sur son poids et poussait le cheval de trois pas. Il manquait parfois de tomber, et si cela se produisait, Dagmar n'avait qu'une crainte, qu'il ne se relève pas et laisse faire le Dieu du Destin.
Le Dieu du Destin, oui, c'était ce dernier qui avait décidé de cela, tout cela était leur destin, et Dagmar, sa camarade de survie ainsi que leurs chevaux, ils devaient se plier à cela et montrer qu'ils étaient digne de vivre. Dagmar en était persuadé, si là était leur destin, alors tout était déjà tracé, leurs moindres efforts, moindre action, la moindre poussière était écrite, de son existence, à sa trajectoire, jusqu'à le fait qu'elle meurt sous le sabot d'Ulmys. Dagmar devait faire confiance en ses croyance, en ce Dieu. Depuis petite elle y croyait, pourquoi cela serait remis en cause par une simple tempête qui avait pour destin d'être ici, tout n'était que destinée, et même si l'on pouvait se demander ce que l'avenir nous réserve, il suffit d'attendre pour savoir et laisser faire le destin. Après tout, le destin est imprévisible, peut-être bien qu'un jour Dagmar se retrouvera à être écuyère. Non. Cela était impossible, même la destinée, n'est pas si imprévisible. Et puis quoi encore ? Dagmar hors de sa petite vie tranquille à la taverne ?
Une fois le maigre abri de ce bosquet quitté, le vent semblait plus puissant dans les plaines et martelait la peau de Dagmar de gouttes glaciales. Ces dernières se glissant dans le moindre recoin, alors que le vent la fit manquer de trébucher. Quelques mèches de ses cheveux vinrent lui chatouiller le nez et les yeux. L'adolescente tirait légèrement son cheval à sa suite, combattant les forces du vent pour essayer de toujours suivre la femme qui les guidait. Avec étonnement, elle y arrivait plutôt bien, il fallait croire que le désir de survivre donnait des ailes aux êtres vivants. Même si elle et Ulmys étaient secoués par les forces de la nature, leurs pas décalés par les rafales, le pelage du cheval se retrouvant assez vite à être trempé mais toujours secoué par les rafales, était à la même image que les cheveux de l'adolescente qui le tirait à sa suite.
Dagmar releva doucement la tête, avançant depuis tout ce temps le regard accroché à ses bottes, dans un sale état, pour ne pas se prendre la pluie et le vent de plein fouet dans le visage. Elle remarqua à quel point la jeune femme s'accrochait à son bâton de marche. Dagmar sentit assez vite la bourrasque violente qui était la cause de cela, et elle trébucha en arrière par la suite, elle n'avait rien pour s'accrocher après tout, même si le sac de carotte qu'elle portait, cela ne suffisait pas pour la garder collée au sol. La brune serra ses poings sur la première touffe d'herbe et de terre, craignant être emportée un peu plus loin. Elle attendit quelques secondes,avant de se lever et marcher sans attendre pour rattraper sa camarade et la jument, ayant bien entendu récupéré le sac de carotte. Il était hors de question de s'attarder sur la propreté de ses vêtements, cela serait une perte de temps, elle pourrait perdre de vue sa guide ou bien de nouveau tomber sous une bourrasque. Il fallait avancer.

A la vue de la rousse qui lui signifiait de s'approcher un peu plus, Dagmar pressa le pas de ses forces les plus profondes avant de pouvoir percevoir les pierres qui semblaient être de dressées là pour toujours telles des montagnes. Un abri sûr. Elles ne céderaient pas de si tôt au temps. L'adolescente perçu la voix de sa camarade qui lui indiquait d'aller se mettre à l'abri, bien évidemment !
Dagmar continua de se presser elle et le cheval qui attendait seulement que la mort le frappe. Elle toucha légèrement la pierre une fois aux côtés de cette dernière, sentant déjà la barrière protectrice qu'elle procurait. Dagmar comprit cependant assez vite que leurs montures ne pourront les suivre dans la cavité et grimaça. Le comportement d'Ulmys était imprévisible et elle préférait rester juste à côté, mais visiblement elle n'avait pas le choix de cela. Elle s'entreprit alors de le décharger de son sac de carotte et réunir tous les sacs en un points à côtés des chevaux. Elle espérait qu'avec l'abri que procurait les pierres cela permettra aux sacs de rester au sol. Elle grimaça un peu plus, la défigurant légèrement, si elle aurait pu attacher son cheval à un arbre, l'attacher à un de ces rochers était impossible à cause de leur diamètre. Puis, elle perçu un plus petit rocher à côté. Soulagée, elle y attacha Ulmys avant de le caresser légèrement et aller s'abriter dans la cavité, lâchant un petit sourire, l'abri bien plus solide la soulageait.

-Enfin... J'espère que nous pourrons rester ici jusqu'à la fin de la tempête.

Elle attrapa plusieurs mèches de sa main droite pour les jeter en arrière afin de regarder sa camarade, ayant toujours ce petit sourire soulagé sur ses lèvres.

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SOUS LA TEMPETE

Vous avez finalement trouvé ce qui semble être un abri sûr, que ni la pluie, la grêle ou le vent ne peut déstabiliser, ne serait-ce que d’un pouce. Ces rochers sont bien salvateurs. Et ils peuvent tenir des années ainsi, ce qu’ils font déjà sans nul doute. Idée humaine ou confection de la nature si généreuse pour préserver les égarés de ses jours de caprices ? Nul ne le sait. Il faudrait remonter plusieurs siècles en arrière, si ce n’est plus, pour le découvrir. Vous avez su braver les éléments et vous avez bien mérité un peu de repos dans le creux de ces énormes pierres. Une fois au centre des mégalithes, vous vous rendez compte à quel point le vent était fort et la pluie si froide. Sous la protection des roches, vous vous sentez subitement au calme malgré le souffle bruyant des rafales. Vous vous sentez subitement au sec, alors que l’averse a déjà réussi à vous tremper. Vous vous sentez en sécurité, là où rien ne pourrait vous atteindre, pas même un éclair divin. C’est d’un grand soulagement. Mais vous ne pouvez pas en dire autant de vos montures, trop grandes pour vous accompagner dans ce refuge, elles doivent encore supporter ce que vous évitez désormais. Les animaux sont plus résistants aux caprices du climat. Ils ont toujours été fait pour vivre en fonction de ce dernier. Ce raisonnement peut vous réconforter sur ce point. Mais alors que vous profitez de votre gîte impénétrable, vous pouvez encore observer par son ouverture le déchaînement des vents violents et la pluie qui insiste pour se laisser pousser par ces derniers afin de pénétrer votre repère. Sous les épais cumulus noirs qui couvrent le ciel comme un nuage de cendres, vous remarquez bientôt une apparition lointaine qui balaye la plaine. Les bourrasques se sont rencontrées à l’horizon, avant de s’étreindre comme une alliance dans un mouvement cyclique. La tornade pique finalement le sol avant de commencer sa traversée de la plaine inéluctablement.

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

Tout comme l'adolescente, il ne fallut pas longtemps à Ermaëlle pour se rendre compte que l'abri rocheux n'était pas assez grand pour accueillir leurs montures. Si des humains pouvaient tout à fait s'y glisser, la chose devenait impossible pour des chevaux. Malheureusement, cela signifiait que Kyem et la monture de sa camarade d'infortune resteraient à l'extérieur, à braver le vent et la pluie, qui ne semblaient pas vouloir s'apaiser... Bien sûr, la formation rocheuse les préservait d'une partie des attaques du climat, mais fort était de constater que cela ne serait pas suffisant... Il ne restait plus qu'à espérer que les deux créatures seraient en mesure d'affronter les caprices de la Nature, jusqu'à ce qu'il soit possible de repartir sans danger...

La jeune fille ayant attaché sa monture à une plus petite roche, l'ancienne esclave décida de faire de même. Cela lui éviterait de perdre Kyem, si cette dernière se mettait à paniquer et décidait de s'enfuir. Afin d'éviter que les chevaux ne se blessent, et aussi pour éviter que la monture de l'adolescente ne puisse transmettre son inquiétude à la sienne, Ermaëlle attacha la jument baie un peu plus loin. Après avoir flatté l'encolure de Kyem, la jeune femme rejoignit l'abri à son tour. A son grand soulagement, il y faisait sec, malgré la pluie torrentielle. Le vent hurlant ne semblait pas pouvoir s'y engouffrer également. Finalement, ce refuge de fortune comblait toutes les espérances que l'ancienne esclave avait pu nourrir à son propos !

« Je l'espère aussi... Tout comme j'espère que tout cela cessera rapidement... » avoua Ermaëlle, tout en jetant un regard en direction de l'extérieur.

La jeune femme finit par reporter son regard sur sa camarade d'infortune, lui rendant son sourire par la même occasion. Elles en avaient eu de la chance, que ces rochers ne soient pas très éloignés de leur position initiale. Dans le cas contraire, trouver un abri se serait révélé bien plus complexe... Fort heureusement que les deux voyageuses étaient les seules à avoir jeté leur dévolu sur l'endroit. Dans le cas contraire, certaines personnes auraient partagé le sort de leurs montures...

« … Nos pauvres chevaux manquent décidément de chance... reprit la jeune femme, au bout de quelques instants. Malheureusement, je crains qu'il n'y ait pas d'autre abri dans les alentours... Et quand bien même cela serait le cas, par une telle tempête, se repérer n'est pas si simple et sortir à nouveau n'est pas très prudent... »

Ermaëlle se saisit délicatement de sa longue tresse, dans le but d'en chasser l'eau qui y avait trouvé refuge durant leur traversée. Ainsi, il serait plus aisé pour la jeune femme de se réchauffer, même s'il fallait avouer que ses vêtements humides ne rendraient pas la tâche facile. Mais c'était sans doute mieux que rien. L'ancienne esclave ne regrettait pas d'avoir emporté sa précieuse cape avec elle. Dans le cas contraire, ses habits auraient été dans un pire état, et retrouver un peu de chaleur se serait révélé impossible. A ce sujet, la jeune femme espérait que sa camarade d'infortune ne souffrait pas trop des conditions climatiques. Il fallait avouer que les tempêtes d'une telle intensité étaient des plus rares... Personne n'y était réellement préparé, plus encore quand les conditions climatiques étaient clémentes le reste de l'année...

« … Qu'est-ce... Vous... Vous voyez ce que je vois ? » s'enquit l'ancienne esclave, dont le teint avait blêmit.

Au loin, au sein des nuages menaçants, une réelle colonne d'air venait de se former. Si Ermaëlle avait entendu parler de pareils événements, c'était la première fois qu'elle en voyait un de ses propres yeux ! Se trompait-elle ? De tels phénomènes n'arrivaient-ils pas qu'en haute mer ?! Au fil des secondes, la colonne tourbillonnante semblait se rapprocher. Non... Il n'y avait pas de doute possible... Le pire restait à venir, et rien ne laissait présager que leur abri pourrait encaisser une telle attaque ! Fallait-il fuir, alors ? La jeune femme n'était même pas sûre que leurs montures seraient capables de tenir la distance, face à un tel adversaire ! Leurs chevaux finiraient sans doute emportés, et elles aussi ! D'un autre côté, le phénomène semblait encore assez éloigné de leur position... La fuite en devenait-elle une option envisageable ?

« … Vous pensez que votre monture pourra vous mettre hors de danger ? » reprit la jeune femme, toujours aussi pâle.

Leur abri ne tiendrait sans doute pas le choc. Ces pierres étaient peut-être lourdes, mais Ermaëlle avait lu que de telles manifestations naturelles pouvaient aisément briser des navires en millions de morceaux... Et quand bien même cela ne se produisait pas, rien ne garantissait que l'adolescente et la jeune femme ne se feraient pas emporter autrement, de même que leurs montures... La tornade était encore loin... Mais il fallait prendre une décision, et vite. Avant qu'il ne soit trop tard...

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Une fois toutes deux en sécurité, Dagmar s'était entreprit à essayer de sécher comme elle pouvait, se sentant lourde avec ses vêtements trempés. Elle les entortillait par coin pour essayer de faire dégager l'eau du tissu avant d'essayer de coincer ses cheveux dans son haut, ce qui lui valut un grand frisson. Mais elle préférait cela à des cheveux qui lui volaient en plein visage. Elle se jura qu'une fois qu'elle le pourrait, elle se couperait les cheveux assez court pour que plus aucune tempête ne vienne les transformer en fouet.
Enfin, il fallait aussi se dire qu'elle se jurait aussi de ne plus partir chercher des carottes seule, ni d'insulter Ulmys de couard, ou encore, ne serait-ce que plus jamais sortir d'Hantonael. Mais la promesse de se couper les cheveux semblait la plus vraie.
Perdue dans ses pensées à se faire des promesses quelques peu ridicule, ayant l'impression que cet événement allait être un grand tournant dans sa vie, un moment de réalisation de ce qu'était la vie, que l'on en avait qu'une et qu'elle pourrait bien mourir aujourd'hui, au milieu de sac de carottes, de rocs et d'une inconnue ; Dagmar n'écoutait sa camarade que d'une oreille, n'étant qu'une voix de fond avec le vent qui sifflait contre la roche.
Elle ne lui répondu pas, fixant les gouttes essorées tomber au sol, proche de ses pieds humide, alors qu'elle s’inquiétait subitement pour le vieux cheval qu'elle avait laissé dehors. Elle se souvint de son regard pétrifié par la peur, comme s'il était maintenant gravé dans sa mémoire. Aussi peureux qu'elle l'était, Dagmar ne l'avait jamais vu aussi effrayé de toute sa vie. Aussi tétanisé au point qu'il attendait simplement que le danger frappe, même son instinct de survie avait fuit à toute allure pour laisser la monture seule. Il pourrait tomber sur le coup, que cela n'étonnerait pas la serveuse de la taverne.
Et si pendant ce moment, pendant le reste de la tempête, ce moment où elle ne le voyait plus, sa monture la lâchait, quittait la vie, par une action désespérée ou de crise cardiaque, ou bien à cause de la tempête, enfin, dès qu'elle sorte, elle ne retrouve que le cadavre de ce vieux cheval. Quelle horrible mort dons elle se sentirait coupable... Après tout, c'était de sa faute s'il était là aujourd'hui. Même si sa famille n'avait pas assez d'argent pour lui offrir une monture, c'était de sa faute, elle, les carottes et Madame Kizine si Ulmys laissait la vie aujourd'hui dans cette tempête. Cette réflexion fit pâlir la jeune adolescente qui s'était arrêtée dans ses mouvements d'essorage de tout son être.
Elle resta bloquée ainsi jusqu'à ce que la voix de sa camarade la débloque, au ton inquiétant, cela fit réagir Dagmar qui redressa la tête.

La jeune brune s'approcha alors de la femme qui l'accompagnait dans cette péripétie pour devenir encore plus pâle qu'elle ne l'était déjà. Une colonne d'air descendait doucement du ciel pour venir toucher le sol et se déplacer sur les vallées comme si des chevaux invisibles la tirait. Était-ce cela que réservait le ciel pour les âmes malveillantes ? Était-ce par cela que les deux jeunes femmes allaient être tuées ? Dagmar avait toujours pensé que la mort lui viendrait entre un règlement de compte qui se passerait dans sa taverne, qu'elle essaierait d'intercepter, le résumé d'une vie réussite pour elle en quelques sortes. Sur le coup, Dagmar, qui décomposait de haut en bas la tornade du regard, ne sachant pas une poussière de ce que c'était, laissa l'émotion murmurer à sa place.

-On va... mourir...?

Mais la jeune femme à ses côtés reprit, lui demandant si Ulmys aurait assez de force pour la tirer de là. Partir, fuir la mort certaine, après tout, peut-être que cette chose, cette force de la nature qui se déplaçait, pouvait soulever les pierres qui leurs servaient d'abri. Oui, une telle chose pourrait se produire, et il serait inacceptable pour Dagmar de rester ici à ne rien faire. A peine arrivée, il était alors temps de partir, et elle bousculerait son cheval pour qu'il reprenne ses esprit et leur permettent de fuir cette abomination. Dagmar hocha la tête, décidée à partir pour fuir. Attendre ici ne les mènerait à rien.

-Qui ne tente rien n'a rien ? Je préfère fuir que rester ici à attendre que la mort nous frappe.

Dagmar sortit alors décidée de l'abri, les vents violents revenant la déséquilibrer sortie. Elle en eut le souffle coupé, ses cheveux coincés dans son haut revenant jouer au fouet sur son visage, mais cela ne la ralentit pas. Après quelques secondes, elle se remit à avancer vers son cheval, la vieille monture décrochant le regard de la colonne d'air pour le poser sur la serveuse qui le montait, un élan d'instinct de survie étant revenue face à ça.
La serveuse jeta un regard aux sacs de carottes et souffla, il fallait les laisser ici, trempés et secoués par les vents, cela ne ferait que les ralentir. Elle expliquerait tout cela à ses parents une fois sortie ici en vie. Car elle ferait tout pour cela. Elle haussa le ton pour que sa voix parvienne jusqu'à la femme qui l'accompagnait.

-Vous venez ??!

Une boule se forma alors dans le ventre de Dagmar, et si elle ne voulait pas partir, et si elle, restait ici ? Que ferait l'adolescente ? Après tout, son instinct lui criait de fuir mais cette femme a su leur trouver un abri. Elle lui faisait confiance. Mais elle ne savait pas si elle le lui faisait au point de lui laisser sa vie entre les mains. Et puis, il était plus rassurant de fuir cette chose à deux que seule...

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SOUS LA TEMPETE

Cette vision vous tétanise. Vous pourriez même croire que cette fois-ci, les Dieux vous veulent vraiment à leur côté, ou dans le Monde des Esprits, selon les croyances de chacune. Cette tornade est-elle la seule qui se soit formé dans le coin ou bien est-ce qu'il y en a d'autres que l'on ne peut voir pour le moment ? Quoi qu'il en soit, vous avez désormais une importante décision à prendre. Une décision qui peut soit être bonne, soit être mauvaise. Devez-vous quitter l'abri que vous pensez faible face à la tornade, vous risquez à nouveau dans les rafales et la grêle, tentez votre chance en fuyant ? Ou bien fallait-il au contraire rester, espérer que l'abri tienne, ou que la colonne d'air passe simplement à côté en vous épargnant ? Il est impossible pour quiconque de savoir ce que prévoie ce phénomène. Vous devez choisir, par instinct ou par raison. C'est à vous de voir. Finalement, la décision semble être prise. Vous partez ? Vous quittez ce qui est peut-être votre seul abri sur des kilomètres ? Vous voulez ainsi semer la tornade au grand galop contre l'ouragan qui vous réserve peut-être bien pire ? Ce choix est compréhensible. Vous ne savez pas si votre abri tiendra si la tornade lui arrive dessus, tout comme cette dernière était encore trop loin pour savoir si elle viendra bel et bien dessus. Votre vie dépend de vos choix. Dans tous les cas, il y a toujours des risques à prendre. L'une d'entre vous est convaincu qu'il faut fuir. Comptez-vous vous séparer ? La tornade est loin, mais elle est en mouvement malgré tout. Il ne faut guère attendre trop longtemps. Vous avez une décision à prendre. Une décision aux conséquences non négligeable. Finalement, qu'allez-vous réellement faire ?

[ Quête ] Sous la Tempête.

Cheval courant dans la forêt, Bnf.

Ermaëlle ne pouvait pas quitter la colonne venteuse des yeux. L'ancienne esclave avait beau connaître la dangerosité du phénomène, ses pensées se mêlaient dans son esprit au point qu'il lui était devenu impossible de faire le moindre mouvement... Les paroles de l'adolescente trouvèrent un certain écho parmi elles, cependant. Mourir... Mourir maintenant, loin des neiges qui l'avaient vu naître... Mourir comme une étrangère... Mourir ainsi après tout ce qui lui était déjà arrivé... La jeune femme déglutit difficilement. Non, les choses ne pouvaient se passer de la sorte... S'il ne restait ne serait-ce qu'une chance pour elles de s'en sortir, elles se devaient de la saisir... Rester ici signifiait signer leur arrêt de mort... L'enlumineuse en avait la certitude, à présent...

« Il semblerait que nous partageons le même avis sur la question... » remarqua la jeune femme, en parvenant enfin à quitter la tornade des yeux.

Ermaëlle hocha la tête de manière résolue. La jeune femme était bien placée pour savoir que leur survie ne pouvait tenir qu'à peu de choses... Fuir dès à présent leur donnerait sans doute un avantage à ce sujet, si leurs chevaux ne se révélaient pas être totalement tétanisés par ce qui était en train de se produire non loin ! La jeune femme ne put s'empêcher de jeter un regard en direction de Kyem. Au vu de la posture générale de l'animal, il n'y avait pas de doute possible. La pauvre créature était totalement terrorisée ! L'enlumineuse ne pouvait qu'espérer que cette crainte des plus profondes se change en énergie supplémentaire pour la fuite qui s'annonçait...

La jeune femme sortit de ses pensées en entendant sa camarade d'infortune la héler. L'adolescente avait déjà rejoint sa vieille monture, abandonnant son fardeau au passage. Évidemment qu'elle l'accompagnait ! Ermaëlle avait bien conscience d'avoir frôlé, et joué, avec la Mort de trop nombreuses fois ! Aurait-elle de la chance à nouveau ? Seul le hasard en déciderait, bien que la jeune femme était bien décidée à lui forcer la main cette fois. Luttant contre les bourrasques incessantes, Ermaëlle rejoignit sa jument à son tour, la libérant du rocher sur lequel elle l'avait attachée. L'espace de quelques instants, l'ancienne esclave sentit sa monture tirer sur les rênes qu'elle tenait. Raccourcissant sa prise afin d'éviter que l'animal ne puisse s'enfuir, la jeune femme se rapprocha ensuite de lui. Si ses jambes étaient douloureuses, la jeune femme n'y fit pas la moindre attention lorsqu'elle monta en selle.

« Allons-y ! Il n'y a plus de temps à perdre ! » répondit la jeune femme, à l'attention de la jeune fille.

Sentant Kyem s'agiter sous elle, Ermaëlle serra d'avantage ses jambes, tout en raffermissant sa prise sur ses rênes. Si la jeune femme avait su maîtriser un cheval qui ne l'avait jamais vu, ni portée auparavant, et ce alors qu'elle était en exil et dans d'aussi mauvaises conditions, la jument ne devrait pas lui poser de problèmes. D'un coup de talons, l'ancienne esclave ordonna à sa monture de se mettre en marche. Si la jument était une bête paisible et sûre en temps normal, la peur aidant, elle ne tarda pas à se mettre au galop. Un galop au cours duquel sa cavalière dut se repositionner convenablement sur son dos, afin de ne pas chuter. Si la jeune femme était quelque peu rassurée de voir que Kyem prenait au moins autant au sérieux qu'elle cette menace, son instinct aidant, elle ne pensait pas que ce début de course serait aussi chaotique ! Néanmoins, Ermaëlle ne tarda pas à retrouver, et conserver, une position convenable sur sa selle. Tomber du dos de la jument à une telle allure lui serait sûrement fatal !

Une fois sûre de ses appuis, la jeune femme se permit de jeter un bref regard en direction de l'adolescente, afin de s'assurer de sa présence. Si Kyem avait encore la vivacité et la force que conférait la jeunesse, Ermaëlle devait avouer qu'elle nourrissait quelques inquiétudes à propos de la monture de l'adolescente... Le vieux cheval sur lequel était juché sa camarade d'infortune, en plus d'être au moins aussi terrorisé que Kyem, s'épuiserait sans doute plus vite que cette dernière... D'un autre côté, son instinct de survie serait sans doute plus fort que le reste. Du moins, l'ancienne esclave l'espérait. Mieux valait éviter de songer à ce qui se produirait dans le cas où la pauvre bête ne serait plus capable de galoper... Si la colonne venteuse était encore loin d'eux, chaque minute comptait pour lui échapper et un tel accident pourrait irrémédiablement les faire basculer du côté fatal de cette situation...

« Arrivez-vous à suivre ?! s'exclama Ermaëlle, malgré les bourrasques qui semblaient se faire de plus en plus puissantes. Je vais prendre un peu d'avance, si Kyem me le permet ! Je pourrai nous guider au mieux, ainsi ! Nous ne savons pas ce que cette tempête peut nous cacher ! »

La jeune femme fut contrainte de se remettre convenablement sur sa selle, par crainte d'en tomber. Ceci fait, elle talonna à nouveau Kyem, afin de voir jusqu'où elle pouvait aller en terme de vitesse. Les éléments se faisaient de plus en plus agressifs, tant et si bien que l'ancienne esclave était obligée de lutter contre elle-même pour ne pas baisser la tête. Son seul geste à ce sujet fut de maintenir sa capuche en place comme elle le pouvait, afin de protéger au mieux sa vision. Le climat ne rendait pas ses observations aisées, bien que la jeune femme avait un avantage certain. Ce n'était pas là la première tempête qu'elle affrontait, bien au contraire.

Codage par Libella sur Graphiorum

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